Un courrier arrivé dans la boite mail de Freeparleur évoque la politique. L'auteur de ce mail décrit sa vision de la démocratie et les bienfaits qu'il voit dans le système en ces termes :
« La démocratie qui avance est l'équivalent social d'une personne qui s'accomplit. Pour dire ceci, mon intime conviction me suffit, mais pour le soutenir je m'appuie sur les données de la physique actuelle. La réalité matérielle conjugue autonomies et interdépendances. »
Comment être clair sans ennuyer ? « Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du Monde » disait Camus. Et cela tout en s'immergeant dans les grands problèmes de l'être et du monde pour tenter de ramener à la surface, là où la conscience affleure, un peu de lumière et d'Eau bleue (II/5)?
Où puiser les idées et leur force d'évocation qui font que parole et pensée deviennent créatrices ? Au fond, l'homme a plus ou moins bien su se servir de son outil intellectuel pour créer un monde qui possède des trésors d'ingéniosité malgré les malheurs, la guerre et les fléaux qui le frappent.
Il s'est même fait à l'idée que le mal est inévitable comme on se fabrique une lente consolation. Pourtant quels matériaux plus solides que le bien et l'activité du bien ? Regardez par exemple les affiches publicitaires, n'êtes vous pas frappé par les regards creux (31,12) et vides qu'expriment la plupart des mannequins et top model qui ne sont pas anorexiques seulement au niveau du ventre ? En fait, ces images fantomatiques n'expriment elles pas quelque chose de notre inexistence à tous ? La faim d'espérance et de vie semble s'être dissoute dans le grand estomac glouton (13,3) d'un monstre. La mer sans rive (I/10) du système du monde dévore petits et grands, innocents et malfaisants, car on n'y pèche rien de comestible. C'est pourquoi la Révélation d'Arès invite l'homme à gravir les hauteurs (25,4)de l'humanité pour atteindre la Mer d'en haut là ou se dissout l'or et se mange le pain tendre (XXX/12) de l'intelligence (32,5) et de l'amour. Et ce tout en gardant les pieds sur terre.
Avez-vous palpé la détresse du monde dans les yeux de vos frères anonymes que vous croisez et senti l'état de deuil qui nous recouvre comme si nous nous terrions encore dans une cave (XXXI/4)?
Je ne parle pas seulement de la misère que nous montrent les affiches humanitaires pour ramener vers leurs tirelires et leur charité officielle la manne généreuse d'un peuple qu'il faut conditionner à catégoriser les misères et à ne répondre qu'à certaines sous la forme d'allocations et dons en espèces sonnantes et trébuchantes.
Hier comme d'autres soirs, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy qu'on nous promet avec insistance comme les futurs concourreurs et débatteurs qui aborderont les grands problèmes du moment dans l'intérêt de la France, nous parlaient de l'ordre juste et des désordres injustes. Mais quel pouvoir ne se pose pas en grand et généreux secoureur et parfait vigile de sécurité ? C'est la chansonnette qu'il faut pousser avant toute élection qui comme tout culte a son refrain et ses couplets qu'on entonne au moment irrémédiablement préparé.
Si c'est ça l'accomplissement d'une humanité ? Au secours !
Frère, libre à toi de croire dans la partition du monde en cantons régions et nations comme dans un jeu de lego. Mais cessons d'être dupe, le bien et le bonheur du monde sont interdépendants du bien et du bonheur que chaque individu fait naitre et développe en lui et communique autour de lui. Comme le radiateur allumé donne sa chaleur, branche ton thermostat sur "on". La démocratie, usine à gaz parfois superbement planifiée, rouille parce qu'à l'instar de la religion elle a voulu accomplir à la place de l'homme et malgré ses aspirations profondes. Parce que le bonheur comme la liberté, l'égalité et la fraternité se transmettent d'homme à homme, d'une conscience à une autre. Penser que l'on puisse faire naitre des sentiments de cette nature par la voie du sénat (XXXV/1-2-3), par l'application de décrets, de trains de mesures autoritaires, massivement et uniformément transmis, est ne pas comprendre grand-chose à la vie. L'ordre obsède l'homme qui parait toujours un peu désemparé devant l'extraordinaire simplicité de la vie. Vie qui passe aussi parfois par de grandes complexités. L'honnêteté, l'ardeur, le courage et la patience en viennent à bout. La politique se sert elle-même tout en visant l'universalité. C'est la grande contradiction de l'homme qui loge au fond de nos ventres. L'homme au moins a des tripes et un cerveau, le système n'en a pas. C'est pourquoi il a besoin de tribunaux, polices, armées pour fonctionner et faire appliquer ses lois et ses projets.
Homme connais toi toi-même disait Socrate. En prolongeant cette très belle pensée on pourrait ajouter homme construis toi toi-même. La Révélation d'Arès parle des forts et des sages au service des faibles et des petits (26,9), mais pour que ces faibles et petits deviennent un jour des forts et des sages à leur tour. La politique a intérêt pour se conserver à garder beaucoup de faibles et de dépendants et entretenir l'illusion qu'elle est indispensable. Elle a aussi ses héros et ses légendes, Robin des bois, Guillaume Tell (que cite le mail évoqué plus haut) parfois des hommes qui représentent des exemples de bravoure. Mais le vrai héros c'est toi mon frère quand tu quittes la fête des morts (XXXV/5) pour t'engendrer dans la vie que tu retrouves quand tu te donnes au monde pour l'engrosser de vie. Quand tu parviens à faire jaillir la lumière même si au début et pendant longtemps tu ne fais que quelques petites étincelles. Il faut bien partir de quelque part.
Joseph Dupont.
Les références en italiques sont extraites de la Révélation d'Arès. Les chiffres romains sont issus de la partie intitulée "Le Livre" et les chiffres classiques renvoient aux veillées et versets de ces veillées qui forment la première partie de la Révélation d'Arès.
Photo du haut: musée américain d'histoire naturelle
Photo milieu: Extrait du site BAP